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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 13:32

CORREA SI ! CORREA NO !

Le président équatorien Rafael Correa a envoyé le 5 juin 2015 à l’Assemblée nationale un projet de loi « pour la redistribution des richesses » taxant à 77,5 % les héritages supérieurs à 849 600 $. Si le projet de loi était adopté, les grandes fortunes ne pourraient plus transmettre à leur enfants la majeure partie de leur patrimoine. Cette mesure visait à mettre fin aux dynasties qui accaparent le pouvoir économique et se le transmettent de génération en génération. Confronté à une forte opposition des médias de droite et à des manifestations de rue très médiatisées par ces derniers, Rafael Correa a annoncé le 15 juin dernier qu’il suspendait l’examen de ce projet de loi ainsi que celui sur la taxation à 75 % des plus-values immobilières.

Des mesures allant à contre-courant de celles prises ces dernières années en Europe sont expérimentées depuis 8 ans en Équateur. Des changements importants voient le jour, notamment dans le domaine des… plaques à induction pour la cuisson. La politique hypervolontariste du gouvernement de Rafael Correa en matière de construction de barrages hydroélectriques devrait permettre au pays d’être autosuffisant d’ici deux ans en production d’électricité renouvelable. Que faire de ce stock inépuisable d’énergie ? En exporter une partie mais surtout réduire la consommation du gaz de cuisson, un produit importé, subventionné par l’État (et qui grève le budget de ce dernier). Inciter les Équatoriens à ne plus cuisiner au gaz mais avec à l’électricité, voilà la politique actuellement promue par le gouvernement équatorien. Mais ces mesures viennent d’en haut. Elle ont été décidées par le pouvoir politique et n’ont pas été réclamées par la base ni conquises à l’issue de luttes ou de mobilisations sociales. Résultat : ce plan d’équipement en plaques à induction suscite une certaine indifférence voire une défiance de certains secteurs de la population.
Il résume bien les contradictions de la « révolution du bien vivir » : si celle-ci œuvre pour le bien public en matière d’éducation gratuite, de santé pour tous, de logements sociaux, etc, elle le fait sans mobilisation populaire, sans toujours consulter les citoyens, du moins en dehors des périodes électorales.

Peut-on imposer le bonheur d’en haut ? Peut-on faire le « bien » sans l’implication des principaux bénéficiaires ? Pourquoi l’opposition à la politique de Correa augmente t-elle ces derniers mois alors que les indicateurs sociaux et économiques sont bons ? Les Équatoriens, qui émigraient en masse au début des années 2000 pour fuir une grave crise sociale et qui préfèrent aujourd’hui vivre au pays, auraient-il la mémoire courte ? Notre enquête essaiera d’apporter des éléments de réponses à ces questions.

RAPPEL :

OPERATION CORREA (épisode n°2)

L’Équateur dirigé par un gouvernement de gauche et son président Rafael Correa propose des solutions innovantes à la crise économique, sociale et environnementale. Cette expérience progressiste intéresse visiblement peu les médias audiovisuels français. Intrigués par ce manque de curiosité, Pierre Carles et son équipe se sont retroussé les manches pour réaliser un premier épisode de leur enquête sur ce chef de l’État prônant le « socialisme du XXIe siècle ».
Premier épisode sorti en salles le 15 avril 2015.

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