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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 20:30
L'actualité de LOren

VERTIGO (Encres de chine et toréographies)

 

Cette affiche est née de la fusion de deux idées, deux images très fortes superposées.

 

D’abord celle du matador triomphateur à Madrid qui sort sur les épaules des aficionados avec une violence inouïe. Il fait don de son corps et de son costume de lumière au public ultra déchainé et fétichiste.

 

L’autre image est celle d’une rock-star, slameur, qui se jette en saut de l’ange au milieu de ses fans. Body-surfing. Partage absolu de son corps, hasard, danger, adrénaline.

 

Si les matadors étaient au-dessus de la foule sur une scène, et non en dessous dans l’arène, plus d’un s’immolerait avec les oreilles à la main.

 

A Acapulco, j’ai pratiqué le saut à l’élastique et ce pas en avant vers l’inconnu est le même que celui pour sortir du burladero. Infinie sensation de liberté, il y a toujours moyen de revenir en arrière (3 avis…). Liberté totale de jouer avec sa vie et plaisir extrême de la peur.

 

L’autre métaphore est évidemment celle de la personne qui attend et arrive à la Féria pour se jeter à corps perdu dans la fête... Enfermé dans la solitude de mon atelier, elle est un exutoire et slamer au sens figuré (?) dans les nuits folles de la féria est une vraie récompense.

 

L'actualité de LOren

HOMMAGE A NIMEÑO II

Cette oeuvre représente pour moi beaucoup plus qu’une simple affiche,

c’est un hommage à un homme qui a fait basculer ma vie. Un modèle, un grand-frère, un ami rêvé…

 

L’histoire

A 14 ans, j’ai connu Christian Montcouquiol dans les arènes de Caissargues aux portes de Nîmes. Durant les étés 1975 et 76, il eut la gentillesse et la patience de me donner de mes premières armes, cape et muleta en mains. Je voulais être torero et sur le chemin des vacances, entre Paris et la Catalogne Espagnole, ma famille s’arrêtait pour moi en terres taurines françaises. Beaucoup de rêves, quelques vaches emboulées en capéas, et toujours le retour à Paris…

Le 28 Mai 1977, jour de l’alternative de Christian, fut le jour le plus important de ma jeune vie

Ce 10 Août 1978, pendant la Féria de Huesca, ma mère pris cette photo de l’instant juste, où Christian me somme de partir en Espagne et m’indique de l’index la direction de la toute nouvelle Ecole de Tauromachie de Madrid. Tout bascule dans ma tête. Malgré la malchance géographique de notre naissance (lui en Allemagne et moi à Paris), on peut choisir l’endroit où passer sa vie.

L’année suivante, le bac en poche, je quittais la France pour l’Andalousie où je vis depuis...

 

L’affiche

A partir d’une photo de Christian que je pris à León Guanajuato (Mexique) en Janvier 1989, cette affiche réunit trois de mes techniques favorites :

Les collages de costumes de lumière que j’ai commencé à réaliser au début des années 80 avec José-Mari Manzanares Père.

L’utilisation des planches d’arènes avec lesquelles je travaille depuis les années 90. Replacées à la verticale sur la barrera à l’occasion de corridas événements, Goyesques et Picassiennes, elles transforment les arènes en galerie à ciel ouvert. Le support choisi pour l’affiche est un burladero.

La toréographie, inventée dans un gymnase un jour d’entraînement pluvieux, qui conserva l’empreinte de ma muleta mouillée sur le béton. La trace du toréo m’apparut clairement. Depuis l’exposition universelle de Séville en 1992, j’archive les gestes des matadors sur de grandes toiles, sur du papier ou des planches, posés au sol avec leur muleta trempée dans la peinture.

Autour du visage de Christian, cette affiche compte une richesse de détails et de clins d’œil :

Le cœur. Au centre, il irradie toute l’œuvre. Un torero y dépose une toréographie, la trace manquante que j’aurais tant aimée garder de Christian, pour les futurs générations d’aficionados et l’histoire de l’art. En 1989, nous avions prévu de réaliser ensemble sa toréographie en fin de saison. Ce coeur symbolise la générosité, l’émotion, l’amitié et la vie.

Le gilet du costume. Très concerné par la peinture, Christian m’avait chargé de réaliser un grand collage à partir de son costume blanc et or, celui brodé sur l’avant de la chaquetilla et avec lequel il tua seul les 6 Guardiolas.

L’auréole d’épines. Les éléments pointus reflètent la difficulté de rentrer dans le monde taurin espagnol de l’époque et les voies ouvertes aux toreros français grâce à Christian. Rappel aussi d’images de Christs, Vierges et Saints de mon Andalousie choisie et si proche des toreros.

L’ampoule allumée. Christian me confia un jour qu’il laissait toujours une lumière allumée à l’hôtel pendant qu’il toréait. Outre la symbolique évidente d’une présence permanente, elle est aussi pour moi une allusion au tableau de Picasso, Guernica qui fête cette année ses 80 ans.

Les couleurs. Le bleu saphir et le rouge rubis des “alamares“ du gilet (passementeries) font allusion à la première grande carrière internationale d’un torero français.

Le bouton. En quête de sa boutonnière idéale, il est la métaphore de la recherche de la faena parfaite.

Le crucifix. Les chambres d’hôtel des toreros en sont pleines à l’heure la corrida. Une “protection“. Il rappelle aussi la famille de Christian, industriels du chapelet et d’articles religieux.

Le dé. Le destin... Son symbolisme est évident dans la vie extraordinaire de Nimeño II.

L’épingle à nourrice. Elle réprésente ma passion pour les Sex Pistols et la musique punk que j’écoutais en boucle en 1977, entre deux pasodobles.

 

 
LOREN Pallatier
 
L'actualité de LOren
Ouf, ça c'est vieux !

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