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24 septembre 2020 4 24 /09 /septembre /2020 19:44
27 juillet 1944 : histoire d'un sabotage décisif dans les Landes

C'est sans doute l'un des sabotages ferroviaires les plus efficaces de la fin de la Guerre dans les Landes, du moins exécuté par un seul homme. Henri Ferrand avait plastiqué des trains entiers de munitions en gare de Laluque dans les Landes, favorisant la victoire alliée.

Henri Ferrand, le prédécesseur de mon Papa.

Henri Ferrand est un instituteur de 24 ans qui a été réquisitionné par le service du travail à l'entretien des voies au dépôt SNCF de Laluque.

Ce 27 juillet 1944, il a repéré ce train. 69 wagons chargés de munitions sur la commune de Taller, le deuxième dépôt d'armes en France de la Wehrmacht.

Henri Ferrand, le prédécesseur de mon Papa.

Plus tard, Henri Ferrand témoigne de son action résistante ce jour là :

« Contrairement à ce qu’on a écrit, je n’étais pas déguisé en cheminot car j’avais 
bien l’intention de ne pas me faire voir du tout pendant le sabotage.
Je surveillais le train puisque j’habitais là dans le coin et je savais qu’il se formait petit à petit. Je me suis procuré des explosifs et quand je suis arrivé à la gare, à six heures, j’ai vu écrit sur le panneau des départs : « Train de munitions pour Rennes, départ à 21 heures » 

J’avais bien les explosifs mais c’était six heures et le train partait à neuf heures. Je vous assure que j’étais bien embarrassé parce que rien n’était prévu pour essayer de stopper ce train plus loin. 

Alors je suis allé au WC de la gare de Laluque et j’ai préparé mes explosifs. Je me mets ensuite au milieu des voyageurs parce qu’il y avait un train qui venait de Bordeaux et un autre qui partait de Dax. Je regarde mon train de munitions qui était sur une voie de garage et je m’aperçois qu’il y avait une sentinelle qui, au bout du train faisait des allers-retours. Puis, à un moment donné, le type, au lieu de revenir en arrière, a continué à marcher. Je me suis dit : « C’est le moment ! »

J’ai enjambé les deux ou trois voies. J’ai quitté les gens qui étaient là et, pendant que l’Allemand partait de ce côté du train, je suis passé de l’autre côté. Je voyais ses jambes par-dessous les wagons. Le premier wagon était fermé, le deuxième était ouvert alors je suis monté sur le marchepied et j’ai mis un explosif dans le wagon. Il me restait un deuxième explosif au cas où ça raterait. Je regarde et cinq wagons plus loin, j’en aperçois un autre qui était ouvert. J’ai mis ma bombe et j’ai sauté du train

Je suis à deux mètres et trois sentinelles arrivent vers moi. J’ai regardé par terre comme si j’avais perdu quelque chose. J’ai essayé de gagner un mètre. Il ne fallait pas s’affoler. Je regarde toujours du coin de l’œil si ma sentinelle s’agite. Elle tarde à m’interpeller… J’ai vu un passage, je suis passé. Rien ne s’est passé… je me suis éloigné et j’ai réussi à quitter les lieux comme ça (…)

J’ai dû revenir dans le courant de la nuit. Etant requis pour travailler sur les voies, je ne voulais pas qu’on me trouve manquant le lendemain. Les policiers nazis auraient tout de suite fait la liaison. Je m’en suis vu pour traverser la voie ferrée. Il y avait des débris partout. Dans la nuit, je ne voyais rien. Il y avait de la ferraille partout en travers. Ça a été terrible comme destruction. La gare ressemblait à un champ de ruines. Il n’y a pas eu de victimes. Tout le monde a eu le temps de rejoindre les abris. »

Le contexte par mon ami de promo Pierre Chabot.

Dès les premiers mois de 1943, Léonce Dussarrat, grâce à ses contacts avec l’agent anglais Aristide du SOE, reçoit de nombreux parachutages en armes et explosifs. Il forme les équipes de parachutage, organise l’enlèvement des containers et répartit leur contenu entre diverses caches. 

Pour mettre en application ce qui vient d’être appris et en même temps tester le matériel, Léon des Landes commence à faire sauter divers pylônes de la ligne à haute tension approvisionnant Dax à partir du 19 avril 1943. Le 20 avril 1944, pour commémorer le 55 ème anniversaire d’Adolf Hitler, des actes de sabotage sont accomplis à Mont de Marsan, Dax, Bayonne, Aire sur Adour, dirigés par Léonce Dussarrat, Charles Lamarque-Cando, Jean Gervais et André Lamothe. 

Avec le débarquement, commence la phase de l’action ouverte : sous le contrôle du chef départemental, les groupes cantonaux commencent le harcèlement de l’ennemi.

Des convois de camions, des estafettes et des véhicules sont attaqués.

Les objectifs de sabotage sont les lignes de voie ferrée, les pylônes haute tension, les lignes télégraphiques et téléphoniques dont les câbles souterrains Hendaye-Narvik ou Bordeaux-Dax-Toulouse, les arbres le long des routes secondaires. Les sabotages ne laissent aucun répit aux forces allemandes et sont réitérés à chaque réparation. 

Cependant de tous ces sabotages et attaques, trois méritent qu’on leur porte attention. En effet, grâce au courage de leurs exécutants, ces actions individuelles ont porté non seulement un dur coup au moral de l’occupant mais ont en plus considérablement amoindri son potentiel militaire sur le front de Normandie. 

- Edouard Grégoire, militant communiste, ancien employé de la Standard des pétroles, reçoit l’ordre de Léon des Landes de faire sauter le dépôt de saint Paul les Dax qui contient 435 000 litres d’essence et plusieurs dizaines de milliers de litres de mazout et d’huile. L’action doit être menée le 14 juillet mais est exécutée le lendemain pour protéger l’épouse du directeur qui vit sur le site. Aidé par deux gardiens du dépôt, ayant trompé la vigilance des soldats allemands, Edouard Grégoire introduit deux explosifs aimantés dans le dépôt : il est 21 heures 10 quand le premier déchire la tôle du réservoir et le second met le feu au liquide à l’air libre. Le contenu des sept cuves est détruit. Ces carburants ne peuvent ainsi pas rejoindre le front de Normandie. 

- Lorsque Léon des Landes apprend que les Allemands s’apprêtent à enlever une grosse partie des munitions entreposées entre Laluque et Sabres, il doit calmer l’ardeur de ses saboteurs : le sabotage ne sera effectué que lorsque la rame de wagons aura au moins atteint le nombre de soixante-dix ! C’est un jeune instituteur, Henri Ferrand, du groupe de Pontonx dirigé par Robert Labeyrie, qui est désigné. Déguisé en employé de la SNCF, il place les deux mines magnétiques qui détruisent les soixante-douze wagons de munitions. Le 27 juillet 1944, les explosions et l’incendie durent plusieurs heures, la gare de Laluque est détruite. 

- Le 1 er août 1944, Henri de Mesmay, agent de liaison de Léon des Landes auprès de l’agent anglais du SOE, Aristide, communique l’ordre de ce dernier de détruire un train à destination du front de Normandie. En effet, les Allemands ont commencé depuis quelques jours à démonter les 4 pièces d’artillerie de marine de 240 mm sur voie ferrée, situées au sud de Saint-Jean de Luz. Léon des Landes confie cette mission à son agent de liaison Michel Renaud, clandestin dans les Landes depuis la fin 1942. Michel Renaud récupère les explosifs à Dax puis est transporté en camion gazogène jusqu’à Bayonne. Il prend divers contacts auprès de résistants : un inspecteur de police du Boucau lui indique le lieu du sabotage, un ingénieur du chemin de fer chargé de l’exploitation du trafic lui communique l’horaire de passage au point voulu. Le 7 août 1944, à 20 heures 15, la voie saute faisant basculer les pièces d’artillerie dans le fossé, au Point kilométrique 189, à Tarnos. 

Les résistants gersois du Bataillon de l’Armagnac, admiratifs devant une tell

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